Un million d’euros en NFT. Il s’agit de la somme perdue par des investisseurs, qui ont investi dans Plush. Ce film d’animation devait se financer par la vente de NFT. Kev Adams, Maitre Gims, plusieurs stars ont appelé leur communauté à investir dans Teddy-Bears la marque de NFT de Plush. Retour sur cette affaire.
Plush un film d’animation financé par NFT
2022 le comédien Kev Adams fait un live Instagram avec « Fabi » un ours en peluche géant. De son vrai nom Fabien Tref. Ils annoncent le projet d’un film d’animation nommé Plush. Un film qui devait se financer via l’achat de NFT.
Un investissement NFT semblant prometteur
50 000 NFT, Teddy Bears, sont mis en vente, pour une valeur de 1 250 euros pièces. Le but était de réunir 60 000 000 € afin de financer le film.
Le casting annonçait plusieurs célébrités comme Gérard Darmon, Camille Lellouche Maitre Gims et Kev Adams.
En contrepartie de leur investissement, les acheteurs de NFT obtenaient le statut de coproducteur. De surcroît, 80 % des bénéfices du film devaient être répartis entre ces derniers.
Le film d’animation Plush devait sortir durant l’hiver 2023, nous pouvons vous spoiler maintenant, il n’y a rien eu.
Un silence radio
Le serveur Discord de Plush ferme ses commentaires. Fabi de son vrai nom Fabien Tref ne donne aucune nouvelle.
De l’argent investi, il n’y a plus de nouvelles non plus. Fabien Tref, expliquera avoir dû payer des influenceurs américains avec.
Une situation qui laisse penser à un potentiel rug pull.
Surtout quand on en apprend plus sur les différents acteurs (sans mauvais jeu de mots) de cette affaire.
Illuminart une société opaque
La société devant financer Plush, s’appelait Illuminart. Une société dirigée par Fabien Tref un homme d’affaires mais aussi joueur de poker. Ce dernier est proche de Kev Adams mais aussi du milieu des influenceurs résidant à Dubaï.
Premier point intrigant de l’affaire, Fabien Tref n’a jamais travaillé dans le milieu du cinéma ou de l’audiovisuel.
Secondement, la société IlluminArt soulève bien des interrogations. Domiciliée à Dubaï, elle est censée financer Plush. Mais il est impossible d’identifier qui est aux commandes de celle-ci.
Comme sur Internet, tout se sait, des internautes on réussit à trouver la licence commerciale d’Illuminart.
En s’y penchant plus en détail, il a été remarqué que la société était enregistrée à Dubaï comme un service de location de chevaux et de chameaux. Peu de rapport avec le cinéma, ou les NFT. Sur le Discord officiel de Plush, Fabien Tref mentionne une erreur de la part de l’administration de Dubaï.
Fabi (à l’époque il était resté anonyme) semble représenter Illuminart. Toutefois il semble sur la défensive par rapport aux multiples demandes d’identification faîtes par des membres de la communauté NFT.
Ensuite l’ambiguïté du nom de la société, IlluminArt rappelle le nom des studios Illumination. Ces derniers sont à l’origine de films comme les Minions ou le Lorax. Certes Fabien Tref, a rappelé à plusieurs reprises que Illuminart n’était pas Illumination. Néanmoins il a joué sur l’ambiguïté des termes afin de donner de la crédibilité aux deux sociétés de productions engagées pour la réalisation de Plush, Rooftop Production, et Karlab. Ces deux dernières n’hésitent pas à mentionner dans leur référence les films des célèbres studios. Et en effet certains d’entre eux ont réellement travaillé, sur les succès du box-office précédemment cité.
Un modèle économique suspect
Un film entièrement financé par NFT sans forme de financement alternatif. Oui pourquoi pas. Néanmoins un budget de 60 000 000 € (plus que le budget du film Astérix, comme l’a si bien mentionné Cyril Hanouna) constituait déjà un red flag. Cela signifie qu’il faut un sold out afin de lancer le film promis pour l’hiver 2023.
Ensuite la promesse d’un retour sur investissement d’au moins 500% en faveur des acheteurs de NFT. Afin de justifier ces prédictions, Illuminart, s’est basé sur les recettes de films comme les Minions ou moi moche et méchant. Une promesse ne pouvant être tenue, que si le film est un succès.
Ensuite vient la question du blocage des fonds. Les fonds ne peuvent être bloqués que si les 50 000 NFT sont vendus. En cas d’échec, les investisseurs n’ont aucune garantie de revoir leur fond (et actuellement c’est le cas).
Ainsi plusieurs personnes se sont laissé convaincre et ont acheté un ou plusieurs NFT afin de financer le film d’animation.
Plush : une arnaque NFT ciblant les non initiés au web3
Faisons une analyse rapide de la communication de Plush.
Fabien Tref, cette personne très discrète a requis l’aide de Kev Adams, pour faire la promotion des NFT Teddy-bears. Pas seulement lui, mais également, plusieurs célébrités comme Camille Lellouche et maître Gims ont été sollicités pour faire de la publicité.
Grâce à leur intervention, des personnes connaissant peu le monde du Web3, se sont mises à investir dans les NFT sans avoir les connaissances minimums pour se lancer.
Cryptocelot CEO de Yellow Consulting avertissait dès juillet 2023, sur le fait que le public des stars n’était pas la communauté Web3. Il a notamment dénoncé le manque de transparence sur la blockchain et l’annonce de chiffres de vente basé sur les mint et non sur les ventes réelles. Les conclusions de CryptOcelot dès juillets sont affirmées, il s’agit d’un rug pull.
Dans le même temps des acheteurs de Plush NFT commencent à poser des questions à propos de l’argent et de son emploi. L’équipe de Plush explique qu’ils ont payé des influenceurs américains, avec cet argent, et que le reste a été perdu dans un crash des cryptomonnaies. Un peu de fumées pour dissimuler la vérité.
Plush NFT les « acteurs » de l’affaire font silence radio. Action collective en cours
Si l’affaire Plush NFT a fait le buzz au mois d’avril, et que Fabien Tref a tenté des explications via discord, l’histoire semble être au point mort.
Twitter RedFlagPlushNFT a signalé la disparition des réseaux sociaux et du discord lié au film. le site du film est également hors d’accès.
Une action collective venant de plusieurs investisseurs a été lancée, ils seront défendus par l’avocate Me Emma Leoty.
Bien que Fabien Tref dénie tout Rug Pull, c’est pourtant peu après cette action que le site internet du film a été fermé.
Le Web3 à nouveau victime de ce rug pull
En premier lieu, on ne va pas le nier. Les premières victimes sont les personnes ayant investi dans les Plush NFT. On parle en moyenne de 2 000 euros de perdus par personne.
Actuellement des actions en justice sont en cours. Les sociétés Illuminart, Rooftop production et Karlab ont été mises en demeure.
Plusieurs internautes ciblent le web3 plus particulièrement les NFT. Ils sont considérés comme des arnaques pour nombre d’internautes.
La nécessité d’une réelle connaissance du monde du Web3
Certaines personnes ont fait part de leurs doutes vis-à-vis du projet. Ils ont expliqué pourquoi ils émettaient de telles réserves.
Premièrement les objectifs irréalisables (vendre 50 000 NFT à plus de 1 000 € l’unité), sans aucune garantie. La promesse de gains décuplés. Le whitepaper manquant d’information claire. Le fait que la transaction des NFT soit reliée à une banque et non à une blockchain ce qui empêchait toute transparence sur les chiffres de ventes réels. Nous vous renvoyons au thread complet de Crypt0celot, qui explique les red flags notamment par rapport à un projet qui se disait Web3.
L’univers du Web3 principalement les cryptomonnaies et les NFT sont dépeints comme un univers de spéculateurs qui veulent se faire de l’argent et qui en perdent plus qu’ils n’en gagnent, les cryptobros. Ou alors s’ils en gagnent il s’agit d’escroqueries.
Un cercle vicieux, beaucoup d’individus rejettent tout ce qui a trait au Web3, et lorsqu’un scandale éclate, ils sont les premiers à monter aux cordées.
Pourtant ces duperies partent principalement du Web2 et ne visent surtout pas les utilisateurs du Web3.
Des fraudes parties du Web 2
Quel est le point commun entre le rug pull d’Aurélien Michel, celui de Plush NFT et plusieurs autres scandales.
Il s’agit de tromperies venant d’influenceurs. Ces derniers ciblent non pas la communauté du web3 mais leurs followers principalement présents sur Instagram ou TIktok.
Sur ces réseaux la transparence ne peut avoir lieu que si l’influenceur le décide. Tout se fait sur la crédibilité de ces célébrités du Web 2.0.
On ignore actuellement jusqu’ou s’étend la responsabilité des célébrités impliquées qui ont fait la promotion de l’évènement. Néanmoins une chose est certaine, sans l’intervention de stars, le projet Plush n’aurait pas eu lieu (le projet d’arnaque) le film ce n’est plus la peine d’en parler.
Dans aucun cas l’équipe de Plush n’a sollicité l’intervention d’un expert web3 ou en DeFi. Une personne dotée de bonnes connaissances des tokenomics aurait pu conseiller le projet.
De la nécessité de mieux faire connaître le Web3
Le Web3 existe et il est amené à se développer. On disait qu’Internet ne marcherait pas et actuellement vous ne lisez pas cet article dans un journal.
Les GAFAM aussi ont eu un succès fou et actuellement centralisent une bonne partie de l’Internet.
C’est d’ailleurs en réaction à ce phénomène que le web3 connaît peu à peu du succès. Car il est plus décentralisé et permet plus de transparence.
Néanmoins le Web3 reste encore inconnu. Les termes bitcoins crypto et NFT sont connus mais pas leur utilisation réelle. On les caricature en inutilités et certaines personnes détournent leur usage à mauvais dessein.
Heureusement il existe de plus en plus de personnes qui connaissent les leviers du Web3. Nous avons mentionné Crytpt0celot, nous pouvons également citer le travail effectué par red flag plush et Crypto_1fluence.
Malheureusement n’étant pas célèbres, leurs avertissements sont passés à la trappe. Quelque chose qu’aimeraient sans doute bien faire les diverses personnes impliquées dans l’affaire de Plush NFT.
Plush NFT quelles seront les suites
770 personnes ont perdu de l’argent. Des plaintes ont été déposées. Est-ce que Plush NFT est un rug pull ou alors un projet qui a mal tourné ?
Selon Capital divers plusieurs options sont ouvertes. La justice pourrait décider qu’il s’agit d’une escroquerie en bande organisée. Fabien Tref et Illuminart pourraient dans ce cas ne pas être le seul inquiété, Kev Adams pourrait être considéré comme solidaire.
L’humoriste pourrait éventuellement être considéré comme coupable d’avoir utilisé sa notoriété pour faire la promotion de la collection Plush NFT en contrepartie d’un bénéfice ou avantage, ce qu’il dément.
Néanmoins la loi ayant été promulguée le 30 mars dernier, donc après le live de l’acteur avec Fabien Tref, il devrait échapper à une sanction de ce côté-là.
Le web3 ne sera pas exempté non plus. Non à cause de l’affaire Plush NFT mais parce que ce n’est pas le premier rug pull impliquant des influenceurs. Marc et Nadé Blata personnalités connues grâce à la téléréalité sont aussi visés par une plainte. Via Télégram le couple d’influenceur aurait proposé de parrainer des gens en cryptotrading. Ils se rémunéraient non pas sur une partie des transactions mais, en empochant une partie des placements. Encore une fois plusieurs experts en crypto avaient alerté sur le manque de connaissance total des influenceurs en crypto trading. Si vous êtes intéressés par la question des influenceurs cryptos vous pouvez lire cet article écrit par des professionnels du web3 à ce sujet.
Certes l’affaire Plush jette à nouveau l’opprobre sur le Web3 néanmoins petit à petit on peut espérer que la mise en lumière des réels experts, permettra d’éviter les fraudes et les faux clichés.